Posté par Demba DIOP
Filed in Société 46 Vue
Il y a des hommes dont le passage sur terre laisse des traces profondes dans la mémoire d’une nation. Le Président Mamadou Badio Camara en fait incontestablement partie. Magistrat d’exception, Premier Président de la Cour suprême, puis Président du Conseil constitutionnel, il incarna avec droiture, foi et discernement, l’esprit de la République et la sagesse des grandes institutions.
Sa vie fut entièrement vouée au service de la justice, avec une rigueur éthique rare et un attachement indéfectible à l’État de droit. Mais au-delà de ses fonctions, ce que beaucoup retiendront, c’est sa hauteur de vue, son humilité sereine et cette foi profonde qui guidait ses décisions, surtout dans les heures les plus critiques de notre vie nationale.
Son discours prononcé lors de la cérémonie de prestation de serment présidentielle reste gravé dans les esprits comme une mise en garde autant qu’un enseignement :
« Monsieur le Président de la République, à l’heure où surgiront les inévitables tentations du pouvoir, l’ivresse de la puissance, les démons de la division, il faudra se souvenir de la main de Dieu, dont la volonté domine et détermine inéluctablement les moments que nous vivons. »
Par ces mots, Mamadou Badio Camara a élevé le débat démocratique vers les sommets de la spiritualité, rappelant à tous les détenteurs d’autorité que le pouvoir n’est pas un but, mais un dépôt sacré à exercer avec mesure, respect et crainte du Très-Haut.
Dans un Sénégal souvent confronté aux turbulences politiques, il sut, à travers ses actes et ses arbitrages, faire triompher la légalité sur la passion, l’équilibre sur la démesure, la sagesse sur l’intérêt. Il a su rappeler, avec la solennité d’un juge et la conviction d’un croyant, que notre destin collectif ne peut se bâtir que dans le respect des institutions et la soumission à une volonté supérieure.
Aujourd’hui, alors qu’il nous quitte, c’est un pilier de la justice et un modèle de vertu républicaine qui s’éteint. Mais son héritage demeure : une justice indépendante, une parole mesurée, et un regard tourné vers Dieu comme ultime arbitre des hommes.
À sa famille, à ses proches, à l’ensemble de la magistrature et du peuple sénégalais, j’adresse mes condoléances les plus sincères.
Que Dieu accueille son serviteur avec bienveillance et que la lumière accompagne son repos.